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Drame à Ecaussinnes : un fermier a laissé ses vaches mourir de faim

20 avril 2024

Ce vendredi 19 avril, l’Unité Bien-être Animal wallonne se déplace en nombre pour contrôler une situation qui semble hors de contrôle à Écaussinnes. Un éleveur professionnel de vaches limousines maltraite son troupeau, les bovins ne sont pas nourris et plusieurs cadavres gisent au sol. Après ce constat macabre, la décision de saisie est prise et les refuges Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby, Help Animals et Silence Animal sont sollicités pour prendre en charge les animaux.

Plusieurs vaches sont mortes de faim très récemment


C’est en fin d’après-midi que les équipes des différents refuges arrivent sur place, ils rejoignent l’UBEA et la police locale qui a dû maîtriser le propriétaire et le priver temporairement de liberté. Dans la rue et autour du bâtiment, rien ne laisse présager l’horreur que vont découvrir les soigneurs et bénévoles des ASBL.

Le troupeau de vaches est enfermé dans un hangar insalubre où une odeur putride empoisonne l’air. Une fois à l’intérieur, le drame frappe de plein fouet les intervenants. Plusieurs corps sans vie sont découverts. Une vache accompagnée de son petit lèche encore le cadavre de son nouveau-né, un veau est retrouvé près de sa mère décédée, au total sept vaches ont perdu la vie récemment dans des conditions abominables.

Couchée près de l’entrée, une vache agonise sur le dos d’une autre décédée quelques jours avant. Un vétérinaire est appelé en urgence sur le lieu de la saisie pour contrôler l’état de l’animal. Son état de cachexie (fonte des graisses et des muscles) étant trop avancé, elle est euthanasiée sous le regard impuissant des membres des associations. Au moment du chargement, une seconde vache est également libérée de ses souffrances, elle n’avait plus la force de faire le moindre pas.

Le troupeau de vaches dépérit par manque de nourriture. Aucune trace de foin ou de grain n’est retrouvée sur place. Les animaux sont tellement désespérés de trouver à manger qu’ils mâchonnent et avalent de vieux morceaux de cordes à ballots restés sur place. L’eau se fait également rare, les vaches ont accès à des abreuvoirs qui ne fonctionnent pas et à une grande bassine d’eau croupie.

Des survivants dans un état grave


Parmi les morts, les vivants sont à prendre en charge d’urgence. La totalité du groupe de bovins est en très mauvais état de santé. Les vaches sont contraintes de vivre dans plusieurs centimètres de lisier, elles ont donc la peau attaquée par l’ammoniaque et les poux, et les pieds douloureux à cause de la pourriture.  

Tous les bovins sont extrêmement maigres, affamés et déshydratés. Le corps des animaux est marqué par le manque de nourriture, certains n’ont plus que la peau sur les os. Une vache devra être maintenue par les soigneurs professionnels et bénévoles des ASBL pour atteindre le véhicule qui la libérera de l’enfer. À bout de force, elle devra passer la nuit sous perfusion.

Un taureau est découvert avec une hernie de la taille d’un ballon sur le flan, il semble apathique et déambule tant bien que mal dans le hangar. Il est accompagné d’une vache dont la corne comprime l’œil, elle sera rapidement limée pour libérer la pression.

Une nouvelle vie pour les rescapés


Libérés de leur calvaire, les animaux sont arrivés dans les refuges d’Animaux en Péril, du Rêve d’Aby, de Help Animals et de Silence Animal dans la soirée. Immédiatement placés dans des boxes propres et paillés, ils ont été alimentés et abreuvés sans attendre. Pour la première fois depuis longtemps, les vaches ont pu se coucher et se reposer.

La revalidation sera longue pour le groupe de bovins, tous doivent reprendre du poids et du muscle après avoir été cruellement sous-alimentés. Atteints de diarrhée, ils seront également rapidement traités contre les infestations de vers.

« Les vaches sont des animaux extrêmement sensibles, elles sont terrorisées et auront besoin de temps pour nous faire confiance. Elles ont connu le pire et nous allons tout faire pour leur offrir le meilleur. Nous avons rarement connu une situation aussi dramatique. » Conclut Sophie Locatteli, Vice-Présidente d’Animaux en Péril.

Condamnation et destination finale


En ce qui concerne la destination finale des animaux, la décision revient à la ministre Céline Tellier qui a deux mois pour confirmer, au vu de la gravité des faits, que les animaux seront confiés aux associations qu’ils ont rejointes.

L’UBEA a dressé un procès-verbal pour infraction au Code Wallon du Bien-être animal. Le propriétaire pourra être poursuivi au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer le propriétaire devant le tribunal correctionnel. Celui-ci risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros. Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.